Organisé par Le Centre de recherche en linguistique appliquée de l’Université de Moncton et CoDiRe & IRFFLE de l’Université de Nantes
Avec la collaboration du projet Le français à la mesure d'un continent, dirigé par France Martineau de l’Université d1Ottawa, subventionné par le Conseil de recherches en sciences du Canada dans le cadre des Grands travaux de recherche concertée et du Centre d’études françaises et francophones de la Louisiana State University de Baton Rouge
Présentation
L’objectif du colloque est d’interroger les concepts et les discours qui ont servi à la construction du « francophone », considéré souvent comme le même partout dans la francophonie, sans tenir compte de l’hétérogénéité et de la diversité qui le constituent. Jugés à l’aune d’un français unique, les francophones des milieux minoritaires ou périphériques se voient parfois remis en doute dans leur qualité même de locuteurs du français. Par ailleurs, le discours sur la diversité devenu dominant depuis les années 1980 n’a pas pour autant réglé le problème. Le francophone est maintenu à l’intérieur de frontières territoriales et identitaires étroites, ce qui donne lieu à une multitude d’identités régionales rattachées à des « langues locales » et qui reproduisent, dans certains cas, le schéma ancien d’une langue et d’une culture liées à un lieu spécifique, comme c’est le cas en Amérique du Nord. Ce processus a été accéléré par la nouvelle économie mondialisée, où le tourisme culturel a, entre autres, misé sur le culte des différences.
Avec la collaboration du projet Le français à la mesure d'un continent, dirigé par France Martineau de l’Université d1Ottawa, subventionné par le Conseil de recherches en sciences du Canada dans le cadre des Grands travaux de recherche concertée et du Centre d’études françaises et francophones de la Louisiana State University de Baton Rouge
Présentation
L’objectif du colloque est d’interroger les concepts et les discours qui ont servi à la construction du « francophone », considéré souvent comme le même partout dans la francophonie, sans tenir compte de l’hétérogénéité et de la diversité qui le constituent. Jugés à l’aune d’un français unique, les francophones des milieux minoritaires ou périphériques se voient parfois remis en doute dans leur qualité même de locuteurs du français. Par ailleurs, le discours sur la diversité devenu dominant depuis les années 1980 n’a pas pour autant réglé le problème. Le francophone est maintenu à l’intérieur de frontières territoriales et identitaires étroites, ce qui donne lieu à une multitude d’identités régionales rattachées à des « langues locales » et qui reproduisent, dans certains cas, le schéma ancien d’une langue et d’une culture liées à un lieu spécifique, comme c’est le cas en Amérique du Nord. Ce processus a été accéléré par la nouvelle économie mondialisée, où le tourisme culturel a, entre autres, misé sur le culte des différences.
Dans la foulée de cet élan pour les « cultures locales », les travaux sur la langue du francophone ont, dans le meilleur des cas, montré la pluralité des formes que peut prendre sa langue, mais dans certaines limites (sur les plans phonétiques et lexicaux surtout) ; dans le pire des cas, ils ont figé cette langue dans l’exotisme linguistique qui mène à la stéréotypie. Le francophone ne devient plus qu’un diversifié - un Acadien, un Québécois, un Wallon, enfermé dans une catégorie stérile dont il a du mal à se défaire. Certes, la situation est différente en Afrique où le plurilinguisme des locuteurs est maintenant perçu comme libérateur, mais l’impact des discours essentialistes provenant de l’Europe (surtout de la France) n’est pas non plus à négliger.
Ces nouvelles reconfigurations locales répondent souvent à des impératifs culturels et économiques (les deux étant liés) qui tentent d’afficher l’authenticité des cultures et des langues dans une francophonie qui peine à montrer sa diversité (Heller et Labrie 2003). Mais l’hétérogénéité constitutive des francophones continue d’être niée dans ces nouveaux schémas, le folklore s’étant substitué à l’homogène pour faire place à une essentialisation des langues et des cultures qui n’en est que renforcée. On dira ainsi que les Suisses francophones sont et parlent de telle façon, les Québécois de telle autre, les Acadiens aussi et ainsi de suite. Rattachées à l’imaginaire du même, les catégories sociales naguère créées à partir de ceux qui « parlent bien » et de ceux qui « parlent mal » rivalisent avec celles créées à partir de la vision idéalisée de la diversité tous azimuts, qui renvoie à une nouvelle compartimentation (Canut et Duchêne 2011), fondée cette fois sur de nouvelles hiérarchisations linguistiques (maternelle / nationale, nationale / internationale, minoritaire / nationale) (Ibid : 7).
Appréhender la question du locuteur francophone en milieu minoritaire nécessite de s’interroger sur le poids des idéologies linguistiques véhiculées dans les discours depuis les premiers mouvements d’expansion du français et d’analyser les méthodes et les concepts qui ont favorisé une vision microscopique des phénomènes linguistiques souvent au détriment d’une vision d’ensemble de la situation. L’hyperspécialisation dans certains courants de la linguistique et la compartimentation des savoirs qui en résulte ont fait en sorte d’exclure les explications d’ordre politique et social des phénomènes linguistiques et ont mis au rancart les idéologies linguistiques à la base de leur construction. Il s’agira donc dans ce colloque de poursuivre l’interrogation suscitée par Le français dans l’espace francophone (Robillard et Beniamino 1993) et L’Insécurité linguistique dans les communautés francophones périphériques (Francard et alii 1993). Les deux ouvrages, publiés la même année, mettaient l’accent sur la pluralité des espaces francophones, sur les différentes façons de se concevoir comme francophones et appelaient (indirectement) à une sociolinguistique de la périphérie, en écho aux textes de Robert Lafont publiés à partir de 1952.
Quels discours les scientifiques ont-ils produits sur les « francophones » et leurs langues en milieu minoritaire ? Comment ces discours ont-ils été relayés dans le grand public ? Que veut dire le terme « francophone » pour les locuteurs des régions périphériques ? Est-il lié à une identité quelconque ? Quels sont les discours des locuteurs eux-mêmes au sujet de leurs pratiques et de celles des autres ? Quelles sont les stratégies les plus couramment en usage pour se positionner entre uniformisation et différenciation ? Comment ces discours sont–ils liés aux discours institutionnels de la francophonie ? Quels sont les rapports de pouvoir qui s’exercent et comment se manifestent-ils ? Même si tous les francophones vivant dans les milieux périphériques n’ont pas été colonisés au sens propre, leur imaginaire n’a-t-il pas été façonné dans un rapport de type colonial ?
Ce sont à toutes ces questions, et à d’autres encore, que nous vous invitons à réfléchir dans le cadre de ce colloque international.
Références :
Canut Cécile et Alexandre Duchêne (2011). « Introduction. Instrumentalisations politiques et économiques des langues : le plurilinguisme en question », Langage et société, 136 : 5-12.
De Robillard Didier et Michel Beniamino (dirs.) (1993-1996). Le français dans l'espace francophone. Paris, L'Harmattan, 2 vols.
Francard Michel (éd.) (1993-1994). L’insécurité linguistique dans les communautés francophones périphériques. Actes du colloque de Louvain-la Neuve, 10-12 novembre 1993, Cahiers de l'Institut Linguistique de Louvain, 19 (3-4) / 20 (1-2).
Heller Monica et Normand Labrie (éds.) (2003). Discours et identités. La francité canadienne entre modernité et mondialisation. Cortil-Wodon, Éditions Modulaires Européennes (Proximités – Sciences du langage).
Calendrier et informations pratiques :
Lancement de l’appel à communications début octobre 2011.
Date limite pour la soumission des propositions de communication : le 31 mars 2012.
Communication des décisions du comité scientifique : fin avril 2012.
Les propositions de communication (résumé ne dépassant pas 350 mots hors références bibliographiques éventuelles, correspondant à une communication de 20 minutes) devront être adressées sous présentation anonyme en attachement à un courriel spécifiant nom, affiliation de l’auteur de même que le titre de la communication, à l’adresse du Centre de recherche en linguistique appliquée : crla@umoncton.ca.
Frais d’inscription au colloque (incluant les repas du midi et les pauses santé) : 100$ par participant, gratuit pour les étudiants.
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